Taxe Vape, Fin de la Vente en Ligne : Ce que le PLF 2026 prépare pour les vapoteurs
Le Projet de Loi de Finances (PLF) pour 2026, dans le cadre du plan national antitabac 2023-2027, s'apprête à redéfinir drastiquement le paysage de la vape en France. Bien plus qu'une simple taxe, les textes prévoient un "Big Bang" réglementaire : taxation des e-liquides, interdiction de la vente à distance et un nouveau statut d'agrément pour les boutiques. Analyse détaillée des mesures et de leurs implications probables.
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Face à ces mesures qui assimilent la vape à un produit à fumer et menacent l'accès à cet outil de sevrage tabagique et de réduction des risques, votre mobilisation est cruciale. Si vous souhaitez défendre et rappeler la distinction fondamentale entre vapoter (un aérosol) et fumer (une combustion) tout en préservant l'avenir de la filière indépendante, il est temps d'agir.
1. La "Taxe Vape" : Une Taxe Scindée en Deux Niveaux
La mesure la plus commentée est l'introduction d'une accise (taxe) sur les produits du vapotage, la discussion sur l'ajout d'une taxe e-liquide ne date pas d'hier, et il est depuis longtemps question de la part des autorités de créer cette taxe vape, au même titre que les produits du tabac. L'unité de taxation sera le millilitre de liquide (Art. L. 314-19). Le PLF établit deux catégories fiscales claires, basées sur le taux de nicotine.
« La catégorie fiscale des produits du vapotage faiblement nicotinés comprend les produits pour lesquels la teneur du liquide en nicotine est comprise entre zéro et quinze milligrammes par millilitre. »
« La catégorie fiscale des produits du vapotage fortement nicotinés comprend les produits pour lesquels la teneur du liquide en nicotine excède 15 milligrammes par millilitre. »
Art. L. 314-16 (Extrait du PLF 2026)
Les tarifs proposés sont les suivants :
- Produits faiblement nicotinés (0 à 15 mg/ml) : 30 € pour 1 000 ml, soit 0,03 € par millilitre.
- Produits fortement nicotinés (> 15 mg/ml) : 50 € pour 1 000 ml, soit 0,05 € par millilitre.
Implication : C'est une augmentation directe du prix pour le consommateur. Un flacon de 10ml dosé à 18mg/ml subira une taxe de 0,50 €. Cette mesure réduit l'avantage financier de la vape par rapport au tabac, ce qui pourrait freiner certains fumeurs à faire la transition. Il faut tout de même avouer que la taxe e-liquide présenté comme cela a rassuré certains d'entre nous de pars sa légère augmentation comparé à nos peurs. Cependant, nous somme presque certains que cette taxe sera revalorisé très rapidement une fois la loi passé, à l'instar des paquets de tabac. Se fier au prix présenté aujourd'hui c'est ignoré que la taxe sur la vape sera évolutive dans le temps, au grès du vent.
2. L'Interdiction Stricte de la Vente de Vape en Ligne
C'est la mesure la plus radicale du projet. L'article L. 3513-18-4 propose d'interdire purement et simplement la vente en ligne et l'acquisition à distance de tous les produits du vapotage pour les particuliers.
« La vente à distance à une personne physique [...] et l’acquisition à distance, par une telle personne, à l’intérieur, à destination ou en provenance du territoire national des produits mentionnés à l’article L. 3513-18-1 sont interdites. »
Art. L. 3513-18-4 (Extrait du PLF 2026)
Le texte va plus loin en précisant que les produits "présents dans les colis postaux" seront "présumés" illicites, donnant une base légale claire pour les saisies.
3. Implication : Vers une Crise d'Accès et un Report vers les Buralistes ?
L'interdiction de la vente en ligne, qui représenterait environ un tiers du marché, va forcer des millions de vapoteurs à trouver un point de vente physique. C'est là que le bât blesse : le maillage territorial des points de vente est totalement déséquilibré.
Le Déséquilibre du Réseau Physique
- Vape Shops : Environ 3 300 boutiques spécialisées en France (Source: Géo-Sidely, Mars 2025).
- Bureaux de Tabac : Environ 23 000 points de vente (Source: Maison Cassely, début 2025).
Soit près de 9 buralistes pour 1 vape shop.

Cette carte n'est pas representative de la réalité des emplacements des boutiques, mais elle comporte bien 3300 points bleus (vape shops) pour 23 000 points rouges (bureaux de tabac).
Implications Plausibles :
- Report massif vers les buralistes : Dans les petites villes, les zones rurales ou les "déserts commerciaux" où les vape shops sont absents, les vapoteurs n'auront d'autre choix que de se tourner vers le bureau de tabac le plus proche.
- Un bar tabac ne conseil pas : Les bar tabac n'ont ni le temps, ni les compétences requises pour accompagner un ex-fumeur sur les matériels de la vape, les dosages nicotiniques et divers notions du sevrage tabagique.
- Risque de santé publique : Forcer un ex-fumeur, qui avait délibérément choisi un canal spécialisé (en ligne ou en boutique) pour s'éloigner du tabac, à retourner dans un bar-tabac pour acheter ses e-liquides est paradoxal. Cela augmente le risque d'exposition aux produits du tabac et, potentiellement, le risque de rechute.
- Augmentation de la fréquentation : Les vape shops restants pourraient voir leur fréquentation augmenter, mais ils devront faire face à leurs propres défis administratifs.
4. L'Avenir Incertain des Vape Shops, Soumis à Agrément
Le PLF ne se contente pas de taxer les e-liquides. Il réorganise la distribution physique. L'article L. 3513-18-2 n'autorisera la vente qu'aux buralistes (1°), aux points de vente de tabac dans les DROM (2°), et à une nouvelle catégorie :
« 3° Dans un ou plusieurs établissements agréés par l’administration, disposant de moyens humains et matériels propres à collecter l’accise, exploités par des personnes physiques qui répondent aux conditions d’honorabilité, de probité, de capacité juridique et de formation déterminées par décret en Conseil d’État... »
Art. L. 3513-18-2 (Extrait du PLF 2026)
Quels vape shops risquent de fermer ?
Cet agrément n'est pas une simple formalité. Il crée une véritable barrière à l'entrée et un fardeau opérationnel.
- Contrainte financière : La mise en place de "moyens matériels propres à collecter l'accise" impliquera probablement des logiciels de caisse et de comptabilité spécifiques et coûteux, voire des garanties financières.
- Contrainte de formation : Les gérants devront suivre (et payer) des formations obligatoires pour obtenir cet agrément.
- Les boutiques "mixtes" : Les vape shops qui dépendaient fortement de leur site de e-commerce pour équilibrer leurs comptes perdront une part vitale de leur chiffre d'affaires du jour au lendemain.
- Les plus petits indépendants : Les structures unipersonnelles ou à faible marge, qui n'auront ni le temps ni les fonds pour se conformer à ces nouvelles exigences administratives lourdes, sont les plus menacées.
En cas de non-respect, les sanctions prévues (Art. L. 3515-6-14) sont claires : "la suspension ou au retrait de l’agrément".
5. Une Manipulation Sémantique : Vapoter n'est pas "Fumer"
Un point notable et particulièrement heurtant pour les acteurs de la réduction des risques est l'amalgame sémantique opéré par l'État. L'exposé des motifs du projet de loi utilise délibérément le terme "produits à fumer" pour désigner les produits du vapotage.
« ...préciser le régime fiscal pour les produits à fumer, entendus comme les substances à inhaler... et que l’action de fumer implique ou non une combustion ou l’emploi d’un dispositif dédié comme la cigarette électronique. »
Extrait de l'Exposé des motifs (PLF 2026)
Implication : C'est factuellement faux. Le vapotage est un processus de vaporisation créant un aérosol, tandis que fumer implique une combustion. Cet amalgame fallacieux va à l'encontre du combat mené par le monde de la vape pour se différencier du tabagisme. En assimilant la vape à l'acte de "fumer", les textes nient son rôle d'outil de sevrage tabagique et de réduction des risques, ce qui complique la tâche des ex-fumeurs cherchant à se détacher du tabac par le geste et les substances, mais aussi par l'esprit.
Questions Fréquentes (FAQ) sur le PLF 2026 et la Vape
▼Est-ce que le PLF 2026 va interdire la vente de eliquide en ligne ?
Oui, totalement. L'article L. 3513-18-4, tel que proposé, interdit "la vente à distance à une personne physique" ainsi que "l'acquisition à distance" par un particulier. Cela couvre tous les sites de e-commerce vendant aux consommateurs finaux.
▼Les e-liquides vont-ils vraiment être taxés ?
Oui, si le projet de loi est adopté en l'état. Le PLF 2026 crée une nouvelle accise (taxe) sur les produits du vapotage, basée sur le volume (au millilitre) et le taux de nicotine :
- 0,03 €/ml pour les liquides contenant 15 mg/ml de nicotine ou moins.
- 0,05 €/ml pour les liquides contenant plus de 15 mg/ml de nicotine.
▼Est-ce que des vape shops vont devoir fermer ?
C'est un risque très élevé. Les boutiques spécialisées seront confrontées à un "effet ciseaux" :
- Perte de revenus : Celles qui avaient une activité en ligne la perdront entièrement.
- Augmentation des charges : Toutes les boutiques devront obtenir un "agrément" (Art. L. 3513-18-2) qui impose des contraintes coûteuses (formation, logiciels pour collecter la taxe, etc.).
Les plus petites structures indépendantes et celles dépendant du e-commerce auront probablement du mal à survivre à ce double choc.
▼La vape va-t-elle être interdite ?
C'est peu probable. Les textes du PLF 2026 ne visent pas une interdiction totale de la vape, mais un encadrement beaucoup plus strict. L'objectif semble être double :
- Intégration économique : En créant une accise (taxe), l'État intègre la vape dans son économie fiscale, au même titre que le tabac.
- Encadrement légal : La mise en place d'agréments et l'interdiction de la vente en ligne montrent une volonté de contrôler la distribution, pas de l'éradiquer. Les discussions portent sur la régulation, pas la prohibition.